Où commence le bonheur, où finit le désespoir ?

Conca dei Marini, Avril 2019

Cette semaine j’ai connu la panique la plus intense. En vacances en Italie, une semaine pour se “changer les idées”. “Voir du pays”. “Profiter du soleil”.

L’absence de Victor est venue me retrouver dans les moindres coins de rue. Au détour d’un café. En pleine montée d’un long escalier. Me coupant le souffle. Cette absence. Et aussi, cette foutue envie. Plus qu’une envie, un sentiment horrible de manque en imaginant mes proches avec leurs bébés. Mêlé à cela, la panique. Et si… si jamais nous n’avions aucun enfant vivant. Si jamais cela nous arrivait. Dans ma tête, les images se succèdent. Des vacances entre potes, eux avec leurs enfants. Pas nous. Des pique-niques dans les parcs. Anniversaires et ballons. Pas nous.
Voir ces familles heureuses autour de nous, et nous les bras vides, pour toujours. Ma plus grande peur. Elle me prend à la gorge, elle m’étouffe. Victor et sa petite lumière disparaissent derrière. Ecrire cela la fait revivre. J’ai du mal à contenir mes émotions en écrivant ces lignes.

Je ne sais pas pourquoi le fait de penser à mes amis et leurs enfants me fait si mal. Après tout, c’est tout le contraire que mes amis souhaiteraient, non ? Ils aimeraient me revoir sourire pour de vrai, me revoir un peu revivre, reprendre quelques couleurs dans la vie. Alors pourquoi ces images dans ma tête me rendent si malheureuse ? Je n’ai pas la réponse. Oh si, on dira sûrement “c’est parce qu’ils ont ce que tu n’as pas”, “tu te vois en eux et ce n’est malheureusement pas la réalité”. Mais j’aimerais avoir une explication plus concrète.

Et puis ce manque. C’est tellement difficile. La pire douleur du monde. Comme si ma vie s’arrêtait. Plus d’espoir, plus de lumière.

Alors, il faut revenir à Victor. Pas à pas. Revenir à mon petit rayon de soleil. A ce petit bébé qui illumine notre vie de sa présence. Et là, je respire. Je suis fière de lui, d’être sa maman. Il me caresse le visage de ses doux rayons. Il crée un cocon autour de moi, et en moi, un petit cercle chaud de bonheur nait au creux de mon coeur.

Et parfois, je ressens la paix que je recherche. L’espace d’un instant, souvent grâce à P. Quand il n’a plus les mots pour le dire, que je ne les écoute pas car je n’y crois plus, il me les écrit. Je les relis. Ce sont des mots d’amour, de force et d’espoir. Il voit un futur beau pour nous, un bonheur qui me semble si loin.

Il faut le dire. Il faut l’écrire. Je ne vais pas bien. Très souvent, je ne vais même pas du tout bien. C’est un fait. Je peux en écrire des tonnes sur ça mais cela me ferait plonger trop profondément. Mais parfois, je me sens mieux. J’ai envie d’aller mieux. Je ne veux pas sombrer.